Fait froid. Il fait terriblement froid par moment au Québec. Il fait seul aussi. Terriblement seul par moment. Pas cette solitude si bienfaisante et riche mais cette solitude qui rend sec. Qui rend froid.
Je nous vois derrière nos ordinateurs, "facebookant", "tweetant", "bloguant", tentant de découvrir un humain derrière toute cette communication (vraiment?), une voix, un être vivant et réagissant. Une réponse?...Rien ou si peu. Le désert. Des mains tendues par centaines, par milliers qui n'arrivent pas à se rejoindre, qui ne veulent pas se rejoindre. Ou alors seulement du bout des doigts, fugitives ces mains. Des mains remplies de peurs, restant sur leur quant-à-soi, sans véritable partage. Virtuelles donc fausses.
Il me tarde de retourner en Chine. Quoi!? me direz-vous! Cette dictature où la démocratie n'existe pas?! Oui. Ce pays m'a fait connaître ce que veut dire chaleur. Humaine cette chaleur.
Bien sûr, ici aussi je peux sentir par moment des humains vivants et...humains. Cette chaleur si caractéristique, si québécoise sur laquelle beaucoup d'étrangers ont écrit. Chaleur éphémère comme un feu de papier journal. Brève, intense, sans braise, sans fondement ou durée. Une étincelle fugitive qui vous laisse sur votre faim. Qui vous fait rêver le temps d'un instant, qui vous emporte et porte pour un moment. Et puis plus rien.
En Chine donc. J'ai vu, senti et compris. Pourtant je ne parle pas la langue. Dans ce pays sans démocratie.
Ah! La démocratie! Ce mot, on ne cesse de se gargariser avec, de s'en vanter, de croire que tout passe par ce credo. On juge les autres pays du haut de notre nouveau dieu, assurés que nous sommes de détenir le clé de tous leurs malheurs, à ces pauvres peuples qui en sont dépourvu. Et pourtant...
Je suis démocrate. C'est exactement pour cette raison que le système dans lequel nous vivons ne me plaît pas du tout. Un vrai démocrate. Le pouvoir du peuple par et pour le peuple. Nous en sommes tellement loin. Je ne veux pas entrer dans les détails ici, ce n'est pas mon propos.
Je veux revenir sur cette chaleur. Celle qui fait de nous des êtres humains. Celle que des Chinois(es) m'ont démontré et me démontrent. Celle dont on ne parle jamais (ou trop peu) dans les différents articles que je peux lire ici et là sur la Chine. Le peuple. Les gens qui forment un pays.
Que pouvons-nous lire dans ces articles pour la plupart? Toujours et encore cet espèce de racisme, pas énoncé directement non! bien sûr... En filigrane, derrière ou entre les mots, en douceur, par la porte de derrière. On y donne des leçons.
On y parle de "maturité pour la démocratie", comme si nous, vivant dans une démocratie, l'étions. On y parle aussi de corruptions, comme si nous, vivant dans une démocratie, avions réglé ce problème...faut-il vous faire un dessin? On y parle aussi de totalitarisme, de dictature, des gens qu'on enferme pour leur opinion. Oui, dans une certaine mesure tout cela existe. Mais nous sommes-nous regardé? Combien de morts en Irak par exemple? Pour la démocratie? Quelle démocratie? Celle des dirigeants qui se servent de ce mot pour envahir, trucider, exploiter? Que veut-on vraiment exporter dans ces pays "immatures"? Et ce n'est qu'un exemple parmi une multitude.
Que faisons-nous avec notre liberté, notre démocratie? Charest? Harper? Obama? Sarkozy? Tiens, c'est 200 nouvelles bases militaires que ce prix Nobel de la paix (Obama), depuis son élection, a construit un peu partout autour du monde. Pour la liberté? La démocratie?...la paix?...Vous êtes indignés? Indignez-vous, vous êtes libres de le faire...et de vous faire ramasser dès que vous dérangez un peu trop. Toujours dans la liberté...Manifestez entouré de police...Tant que votre voix n'a pas d'importance et reste insignifiante, vous êtes libres...
Oui, c'est en Chine que j'ai (re)découvert la solidarité, l'amitié "avec des braises en-dessous". J'y ai cotoyé des professeurs, des étudiants, des travailleurs, des gens simples et des intellectuels, des musiciens, architectes, fonctionnaires. Comment vous faire comprendre avec des mots ce que j'y ai ressenti?
Un désir de s'améliorer, de s'entraider, de connaître l'autre. Des gestes, des attentions, des sourires, des regards.
Rien de parfait dans aucun pays. Je vous l'accorde.
En dépit de tous les efforts faits ici pour la faire craindre voire détester, la Chine reste dans mon esprit cet endroit où j'ai connu ce que la chaleur humaine veut véritablement dire.
Un petit conseil si vous voulez vraiment connaître ce pays. N'y allez pas en "conquérant". Oubliez ce que vous avez pu lire. Allez-y, comme dans n'importe quel autre pays, avec beaucoup d'humilité et de curiosité. Vous serez surpris.