Le monde dans lequel nous vivons est complexe. Prétendre le comprendre, même en partie, sans faire la plus petite allusion à la compréhension de soi-même me paraît suspect. Ce monde, son organisation n'est rien de plus que le reflet de notre propre structure psychologique interne. C'est cette structure qui l'a mis et le met au monde jour après jour, qui le façonne et lui donne la forme que nous lui connaissons maintenant avec ses injustices, sa violence, sa compétition, sa recherche de sécurité matérielle et psychologique.
Dans quelle mesure une culture générale viendra aider, soutenir, faciliter cette compréhension? Compréhension qui devient urgente par les temps qui courent! L'éducation telle que conçue et pensée aujourd'hui met presque toujours l'accent sur l'aptitude à apprendre, à mémoriser, à travailler intellectuellement (si possible avec rapidité). Que devenons-nous dans cette compétition où l'examen est ce baptême bureaucratique du savoir?
Le but de l'éducation ne serait-il pas, après tout, de donner la possibilité (ne serait-ce qu'effleurer dans le pire des cas) de connaître la félicité de son vivant? La forme d'éducation qui est proposée, qui est de mettre l'accent sur le développement de l'intelect, néglige dans une forte proportion ce qui me paraît fondamentalement humain soit la recherche de cette félicité, cette communion avec nous-mêmes, les autres et la nature. Pour ce faire il est impératif que l'esprit, notre cerveau "baigne" dans une certaine qualité de silence, de tranquilité d'esprit-attentif- qui le rendra disponible et sensible à cette communion.
il me semble assez clair que nous ne visons pas avec l'éducation contemporaine, pratiquée dans nos écoles, CEGEPS et universités cet équilibre qui ferait de nous des humains véritablement...humains!
Quels sont-ils ces critères qui définissent l'Homme cultivé? La possession d'une vaste érudition (artistique, technique, scientifique, littéraire etc.) tout en restant intérieurement fracturé, déchiré, en proie à des conflits sans fin, diminué par la peur et rongé par l'inquiétude? Ou alors cet Homme qui poursuit et parvient à cette plénitude, cette félicité?
En ce qui me concerne la réponse est limpide. Parler de culture en omettant tout un pan de ce qui fait un Homme un Homme c'est faire courir un grave danger à toute une société, à toute une civilisation.
Aujourd'hui l'Homme a plus besoin, me semble-t-il, d'être réveillé que d'être instruit. Surtout si cette instruction se résume à la glorification de la mémoire.
Pour ma part, la culture générale vue comme libératrice, à un certain niveau, est une erreur, une fausse piste, une autre fuite en avant devant les problèmes fondamentaux de l'existence auxquels nous sommes confrontés.
Le savoir a son utilité, évidemment, mais reste qu'il n'est pas la réponse juste pour de véritables changements sociétaux. Il n'apportera pas le changement de paradigme si nécessaire à nos sociétés.