L’autre
Lorsque devant une feuille de papier
Ma plus grande joie
Mon plus grand deuil
Est de constater
Que « je » n’écrit pas
Mode d’emploi
La musique
Ultime refuge dynamique
De ma liberté
Maison hantée
Château gaieté
Grotte épique
Ne la bouscule pas
Ne la cueille pas
N’y touche pas
Ne l’effleure même pas
Comme la fleur
Regarde-la
T’écouter
—
Souvenirs d’une année
Septembre
Dans une cours d'école
Des enfants rigolent
L'été s'endort
Sous un soleil d'or
Octobre
Sous le feuillage rouge
Rien ne bouge
Il est six heures
Et la lumière
Déjà
Prend peur
Novembre
Une bruine d'automne
Des pas résonnent
Dans une rue abandonnée
Une passante s'est égarée
Décembre
Le froid embrasse mes pas
L’argent de la lune
Invente
Des ombres et des dunes
Janvier
Le bleu encombre
Se cristallise en pénombre
L'intense froideur
Pulvérise les odeurs
Février
Le temps ronge
Les âmes qui s'allongent
Les journées sont longues
Et les nuits aussi
Mars
On sent comme un vent
De changement
Le soleil renaît
Le désespoir en retrait
Avril
Le sang coule dans ses bras
La sève monte d'ici-bas
La neige en retrait
Coule dans les caniveaux
Mai
Après dormance
Les vélos roulent groggys
Étourdis de leurs rêves
Endoloris par la trêve
Juin
Des mômes dans la rue
Des senteurs de jasmin
D’asphalte et de jardin
L’école en bandoulière
Pour leur âme buissonnière
Juillet
Encore gamins
À ma fenêtre guetter
Les foudres de l’été
Les soleils carmins
Août
La lumière s’étire déjà
On sent la récolte
Un souffle de révolte
L’école arrive à grands pas
—-
Encore amour toujours
Avant, pendant
Après, derrière, devant
Dessus, dessous
Les tumultes avachis
Et les effrois
À même le bruit, les voix
La vie, les trépas
Passent ou cassent
Les haines et les amours
Tombent ou dansent
Le silence et l’espace
Jusqu’à la fin de toujours
La conne
L’hystérique était là
Devant moi
Rouge brique
En émoi
C’était une baronne
Une courtisane lubrique
Une reine sans couronne
Une sainte conne
Un centre à rabais
D’où tremblaient
Tous ses membres
Infidélité
Salie, déchirée, souillée
Par tous les côtés
Je t’ai prise
Recto verso
Sans crises
Ni accrocs
Jetée sans émoi
Sans oui ni mais
Ni pourquoi
Sans autre forme de procès
Et j’ai recommencé
Avec une autre que toi
Vierge, immaculée
Je puis comprendre que tu sois froissée
Feuille de papier
Censure, inquisition
À toi petit con
À toi petite conne
Imbu de ta personne
Militant pour la liberté d’expression
À coup de censure et d’inquisition
Mais dis-moi
Qu’est-ce qui te prend
À vouloir interdire
Au silence réduire
Un simple manant?
Es-tu si propre?
D’avoir raison convaincu?
D’être une bonne personne?
Il y a peu des fesses au nombril
Que nul terrien n’aurait envie
De te botter le cul?