Le mot « démocratie » nous rassure sur nous-mêmes, collectivement j'entends. Il ronfle à nos oreilles et nous endort, satisfaits, contents après tout de l’image que nous (nous) projetons. Ce mot est un leurre et je suis surpris qu’il satisfasse encore la plupart des intellectuels occidentaux pour décrire nos gouvernements.
1-oligarchie. Système politique dans lequel le pouvoir appartient à un petit nombre d'individus constituant soit l'élite intellectuelle (aristocratie), soit la minorité possédante (ploutocratie), ces deux aspects étant fréquemment confondus.
2-ploutocratie. Système dans lequel le pouvoir politique est dévolu aux détenteurs de la richesse.
3-démocratie. Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.
(Définitions tirées du Larousse)
À votre avis, quelle(s) définition(s) s’accorde(nt) le plus avec ce que nous vivons ?
Ce n’est pas précisé, mais rien n’indique que la liberté d’expression ou celle de la presse, l’indépendance de la justice, les procédures de délibérations ou encore de votes, d'élections (des éléments qui sont nécessaires à une démocratie) soient exclues des systèmes ploutocratique et oligarchique. Si la démocratie permet, en principe, de changer les dirigeants d’un pays, d’une province, à quelle sorte de changement a-t-on affaire si tous les candidats (droite ou gauche) sont, finalement, pour un système identique à savoir le néo-libéralisme ? Quel sens prennent alors les mots « choix », « liberté », « souveraineté du peuple » ?
Dans toute remise en question, combat, réflexion pertinente sur un sujet, il faut en premier lieu pouvoir nommer clairement ce dont il est question, la nature exacte d’un problème soulevé. La langue française est précise et nous donne les moyens de circonscrire, de définir clairement, et dans ce cas particulier, les différents systèmes de gouvernements à l’intérieur desquels nous évoluons.
Il me semble que, de nos jours, utiliser le mot « démocratie » dans une réflexion sans faire référence également, pour plus de précision, aux mots « ploutocratie » et/ou « oligarchie » me paraît au mieux relever d’un oublie ou d’une simplification outrancière ou, au pire, de malhonnêteté, d’inconscience ou de lâcheté. Il se peut aussi que ce mot soit simplement utilisé par habitude, ce qui, il faut l'avouer, en dit long sur le degré de vigilance et la précision de la pensée de l'utilisateur!
Un changement sémantique anodin en apparence peut cependant nous faire comprendre la plupart des actions qui sont prises par nos gouvernements. Par exemple, la signature du libre-échange entre le Canada et l'Europe est tout-à-fait logique et raisonnable pour une ploutocratie ou une oligarchie mais difficilement acceptable pour une démocratie.
C’est pourtant ce mot, démocratie, que j’entends, que je lis, que je vois chez nos journalistes, chroniqueurs, penseurs, philosophes, concitoyens qui sert à définir notre société. Ce qui n’est pas faux n’est pas forcément vrai.
Les changements sont longs opérer. Difficile de remettre en question ce qu’on nous serine depuis la petite enfance – que nous vivons en démocratie -, pas évident de changer ce paradigme, cette conviction, pas toujours facile ou possible de prendre le temps d’expliquer les subtilités de ces trois formes de gouvernements. Il est peut-être question de courage aussi...
Un lent glissement s’opère depuis plusieurs années, un « flou artistique » est maintenu afin que soit malaisé une prise de position limpide, acceptable et acceptée par la majorité. En fait, vous l'aurez compris, à peu près personne ne souhaiterait vivre dans une ploutocratie ou une oligarchie (sauf les quelques "élus"-1% plus ou moins)! Tranquillement on vide de sa substance ce mot - démocratie -, on le garde tout en s’en éloignant. Voyez comment il est difficile de lutter contre cette « démocratie » puisque celle-ci est garante, en principe, de nos libertés ! Il est donc impératif de garder ce mot tellement rassurant!
Notre sécurité psychologique passe souvent avant le réel.