Il m'apparaît de plus en plus évident que tout est fait dans nos sociétés pour que nous chérissions notre servitude. D'autres avant moi en ont parlé, et beaucoup mieux: La Boetie, Huxley, Orwell etc.
Pourrait-on imaginer un lion aimant la cage qui lui a ôté toutes ses qualités de lion? Sa nature de lion? Il en est de même pour l'être humain comme tout être vivant: dès qu'il perd sa liberté il perd sa nature, il devient autre et cet autre est bien triste à voir.
Pour qui a déjà vécu cette désolante expérience qui est de visiter un zoo saura de quoi je parle...À moins qu'ayant perdu le goût de la liberté vous trouviez normal voire intéressant d'observer l'affligeant spectacle de la dignité perdue de nos frères les animaux.
L'humain qui jouit de sa servitude n'apprécie pas beaucoup la liberté chez autrui. Elle est suspecte et dangereuse.
Évidemment la chose n'est jamais présentée comme telle. Cette servitude, pour se faire aimer, doit prendre des visages de...liberté! Comme on fait la guerre que pour des raisons de justice ou que notre immodestie nous pousse à jouer l'humilité!
La servitude est confortable, elle donne un sentiment de sécurité, ne favorise pas la réflexion ni la prise de risque-ou alors dans des limites bien définies. La servitude déteste les remises en question et à en horreur de se voir pour ce qu'elle est. La servitude ne dit jamais son nom.
La lâcheté est son terreau.
À l'instar de la servitude dissimulée sous forme de liberté, la lâcheté assumée aura besoin d'un puissant allié pour "marcher la tête haute": l'ego, le "moi".
Celui qui désire sans arrêt, celui qui n'a de cesse de voir l'autre comme un danger pour son intégrité, l'impitoyable consommateur, le tranquille pourvoyeur d'injustice, l'indifférent...le centre de l'univers!
Nous sommes devenus tellement insensibles et centrés sur nous-mêmes que nous ne voyons plus l'état de monstrosité dans lequel nous vivons. Nous ergotons sur des pacotilles, tergiversons sur des riens, bavardons sans fin à propos de tout et de rien-surtout de rien, prenons nos aspirines pour des révolutions et nos prises de position pour des fins de monde.
Des actes aussi insensés que la guerre, qui n'est qu'une projection spectaculaire et sanglante de notre vie quotidienne, l'exploitation de l'autre, la compétition, le culte du succès sont maintenant vus comme des choses avouables, normales, acceptables, typiquement humaines et naturelles.
On a déguisé la haine en amour, la folie en bon-sens, l'hypocrisie en politesse.
On a déguisé la servitude en devoir.
Un nouveau Premier Ministre du Canada a été élu le 19 Octobre 2015.